Destination.Ailleurs

A la lettre L,

J'ai trouvé.

Avant, il n'y avait que nous.

Arrivée aujourd'hui, il va falloir que je compose avec tous, toutes les autres.

C'est çà qui est difficile au jour le jour.

De quitter cette coloc' douillette et enfin paisible.

Pour aller m'entasser dans des lieux puants avec des gens qui ne me plairont pas autant que toi.

C'était çà, le danger. La pomme d'Eden qu'il ne fallait pas croquer.

J'ai joué les Eve en tombant dans le piège. J'ai joué les Eve tout court, cet été.

Sans d'Adam possible et existant.

Un peu triste de mordre une pomme à une.

Mais j'étais prévenue.

Alors, j'ai souri et je suis devenue aussi molle de mots que ferme de corps.

Encore. Encore. Encore. Encore.
Le clip de Pony Pony Run Run, je l'aime bien.
Celui où ils voyagent, tous les deux.

Hier, j'étais tellement fatiguée que j'ai dormi dans la voiture.
Comme quand c'est amusant.
Des coups de tête en avant, en arrière. Des grommellements.
Excuse moi de dormir pendant que toi, tu dois conduire.

On a eu trop de sable dans les yeux.
On a avalé de trop nombreuses bouffées d'air marin.
On a amassé trop de sable aussi.

Hier, j'étais tellement fatiguée que j'ai raconté par brides,
que j'ai retiré tous mes vêtements dans la baignoire,
que je me suis lavée en frottant bien.
Cheveux, corps.
Que l'eau de la Manche s'est écoulée sous le gel douche à la grenade,
sous l'eau douce d'une ville citadine.
Que j'ai mangé en grognant, quelque chose que j'aime beaucoup.
Et que je me suis couchée.
En faisant attention à bien éteindre mon téléphone.

J'ai dormi. Dormi. Dormi.
Le garçon de mon rêve ne s'est pas représenté.
Je l'en remercie.

J'ai eu le temps d'appeler ma soeur avant tout çà.
Parce que j'étais dehors, loin et libre
Que je voulais entendre sa voix.
Et pas la trouver sur le net.
Elle peut pas passer de trois dimensions à deux.
C'pas envisageable.
Alors, j'ai avalé un peu plus de crédit encore pour entendre sa voix fatiguée.

Appeler les gens. Lol.
Pour moi qui n'aime pas, j'aime bien entamer par les répondeurs et la famille.

Hier, j'étais dans une ville où les voitures étaient 14.
Aujourd'hui, en allant chercher de l'argent, j'ai uniquement vu des voitures 78.
A l'arrêt de bus, j'ai zûté.
Quatorze, c'est peut être mieux finalement ?
Le chauffeur était jeune, diablement mignon.
Ce genre de réflexion n'emmène nulle part.

On est passé dans des rues en pentes et en virages.
Vaches, veaux et moutons à chaque virage.
Un soleil à nuages qui me plaisait bien.
Nous plaisait bien.

Je sais maintenant que je veux visiter.
Voir les choses.
Escalader.
Prendre les escaliers branlants et inégaux.
Attraper le premier trou de verdure et m'y glisser.
Nan, çà me fait pas peur.

Vu sur quoi on est tombé.
Avec tous ces gars, privilégiés parmi les privilégiés.
Avec leur parapente et leur planche de surf.
Combi pour contrer l'eau froide.
On a mangé en les regardant.
Et en regardant monter la marée.

Une plage phénoménale.
Magnifique.
Brute, brute, brute.

Deauville, c'est trop riche, qu'elle m'a dit.
C'est vrai qu'on détonnait.
Qu'on n'était pas du coin. Pas du genre.
Et qu'est ce que je pouvais m'en ficher.

On a regardé les chevaux le matin.
On a ramassé des tas de coquillages.
Elle m'a dit qu'elle en faisait des petits personnages.
J'ai demandé à voir en rentrant.
Et j'ai remonté jusqu'aux genoux, ce jean.
J'ai avancé, emportée par le vent.
Et j'ai avancé encore. Jusqu'à éclabousser mon jean et à me sentir dans mon élément.
Jusq'aux cuisses. Pas plus.

La mer était très loin. Il fallait marcher en évitant les petits crabes.

Marcher en évitant les chevaux, les sulkys, et les jokeys.

Marcher en évitant les mouettes, les kite-surfs.

Et l'après midi, on a filé mangé ailleurs.
A Houlgate.

En oubliant la case du Connard Agressif. Vite, vite, vite.
En se remémorant la case de ce couple d'une gentillesse infinie. 

On est reparti sur Deauville ensuite. Vidées par la beauté de la nature.
Pour une sieste en plein vent sur cette plage au sable si particulier.
Si fin qu'on semblait marcher dans de l'argile.
Et c'est là que je me suis sentie bien.
Quand j'ai laissé tomber tout mon corps sur cette langue de sable infinie.
Bras et jambes en étoile. En plein vent.
Sans être obligée de parler. Juste s'arrêter.

La distance a creusé des creux énormes entre nous.
C'était la fine conclusion qui s'est immiscée en moi. 
J'étais amère.
Voilà.
Ni triste, ni en colère.
Seulement fatiguée et amère des dégâts sous mon nez. 

Mais c'était magnifique et le soleil s'est invité une bonne partie de la journée.

J'entame sans savoir si je finirai.
J'y ai pensé toute la journée.
A écrire ce rêve.
A écrire cette feuille punaisée sur ce mur.
çà fera encore quelques articles en plus.
Des feuilles gribouillées, j'en ai des tas.
çà parle de gens qui vivent dans ma tête.
Et surement de gens qui vivent une vie.

Vivre une vie.
On pourrait dire " Pléonasme ! "
Comme si Vivre une vie comportait la même aberration que Sortir dehors. 

Je monte souvent en haut, vous savez. 
Et ce n'est pas un pléonasme.
Non.

Depuis hier nuit, j'ai une playlist française qui tourne.
J'ai hésité à écrire avec elle.
Et puis, j'ai préféré le marketing pour maintenir mes doigts en rythme.

Depuis avant hier, je dors mal.
Je me réveille, les draps trempés de peur.
A n'importe quelle heure.

Avant hier, je me suis réveillée vers les six heures, croyant voir au dessus de moi,
une charpente en bois, couverte de poussières et toiles d'araignées mêlées.
Ma première question a été : " Où suis je ? "
Ma deuxième " je suis nue. Comment je sors d'ici ? "

Tout çà en un fragment de seconde.
Quand j'ai enfin ouvert les yeux pour de bon, j'ai vu les trous dans mes volets.
J'ai vu que j'étais chez moi.
Mais l'angoisse me tenait encore super fort le corps.

Ce matin, j'ai émergé à plusieurs moments.
Mon dernier rêve a été.. un rêve comme j'en fais rarement.
Mais qui reste. Encore et encore.
On était à la maison, mais pas tout à fait.
Y'avait plein de gens.
Des amis d'école.
Je n'étais pas en fac, j'étais en école, je sais pas de quoi, je sais pas d'où.
Et y'avait ces gens avec moi.
Je rêvais que je m'occupais d'une plante tentaculaire ( retour fracassant du jardinage. çà m'a marqué, ce rosier ).
On était plusieurs.
Et y'avait une fille rousse foncé. Somme toute, une chevelure magnifique.
On s'entendait plutôt.
Et y'avait cet homme.
Il était grand. Un peu barbu.
Sportif mais un peu chétif.
Et on était ensemble.
Je sais, c'est tout.
Je me retrouvais à monter sur mon balcon alors qu'il rentrait dans l'appart'.
Et il m'appelait.
J'aimais sa voix. Vraiment.
Et pourtant, j'étais en colère contre lui.
Sans pouvoir l'expliquer, je ne voulais pas qu'il me trouve.
Tout en voulant qu'il continue à me chercher.
Je suis compliquée, c'pas nouveau.
Je veux une sorte de contrôle.
 Être sure des sentiments des autres avant de montrer les miens.
Alors sa voix résonnait. Il passait la chambre de mon frère et ma sœur, celle de mes parents.
Et sa voix, toujours. Mon prénom dans sa bouche.
Il avait une façon de le faire.
Je dirigeais mes pas au son de sa voix. Je me cachais du mieux possible.
Je connais les lieux et pas lui.

Sa voix s'est tue et la scène a changé.
On était tous dans un parc.
Sur une sorte de pelouse rectangulaire encadrée de part et d'autre par un chemin sableux et des arbres genre pommiers.
On avait encore les plantes avec nous. Sur une grande table devant nous.
Et y'avait cet homme.
Censé être le mien.
Qui discutait et qui finalement se mit à courir.
A l'opposé de nous. Comme pour partir.
Les gens le rappelaient, je crois.
Lui disaient que ce n'était pas la peine.
Mais il les écoutait pas et il continuait.

Et puis, à un moment, très vite, finalement,
il a fait demi tour et a traversé la pelouse, à petites foulées bien tranquilles,
jusqu'à se poster devant moi.
Je sentais que j'étais amoureuse de lui, que je voulais le prendre dans mes bras.
Et pourtant, pourtant, j'ai détourné la tête, feignant de ne pas le voir.
Pas plus que d'écouter mes envies. Bras croisés.

Y'avait un autre moment où on était côte à côte et il essayait de me parler.
Tout en parlant aux autres.
On était juste à côté et nos bras se touchaient.
Encore une fois, je le voulais autour de moi. Vraiment.
Et ce moi rêveur qui ne voulait pas lui donner un seul signe d'encouragement.

Ce qui ressort, c'est que je le testais. Du début du rêve, à la fin.
Et il tenait bon face à mon ignorance et ma froideur.

C'est çà que je retiens.
C'est çà qui m'a crevé le cœur.

Me savoir seule. Sans un garçon aussi patient pour me gérer.
Parce que j'étais amoureuse. Clairement, je le sentais.
Mais j'osais pas. Je n'étais pas sure de son attirance à lui.
Et pourtant, fallait voir avec quelle patience, il restait à mes côtés.

Et y'avait sa voix. Une voix d'homme. Chaude, rauque. Puissante.
Je ne sais d'où je la sors de mon intellect.
Affectée, inclinée.
Et mon prénom dans cette voix. Voix un tout petit peu inquiète.

Merde. Putain. De Bordel de MERDE.

Tu crois qu'un jour, y'en aurait un sur cette fichue planète qui m'appellerait de cette manière là ?!
Tu crois que y'en aurait un pour m'appeler ainsi ? Mêler l'inquiétude à la tendresse ?!
Y'en aurait un qui .. 

PUTAIN.

Je me fais mal toute seule.

Hier, j'ai passé une journée horrible.
J'ai pleuré tant et plus du réveil au coucher.
Pour tout, pour rien.
C'est habituel. Par semaine sans pilule, il y a un jour où je me noie complètement.

J'ai tout pris de travers. Tout fait mijoter jusqu'à ce que la cocotte explose et me brule tout l'intérieur.

Et ma sœur qu'était là.
A me raconter que son copain lui avait fait l'amour contre un arbre dans la forêt.

...

Je m'étais arrêtée de pleurer peu avant. J'avais repris le dessus.
Et elle m'a dit çà.
J'ai pas été choquée. J'ai été malheureuse.
De savoir jusqu'au plus profond de mes tripes que Jamais, je vivrais un truc pareil.
Que jamais je serai deux.
Que jamais j'y arriverai.
A faire l'amour contre un arbre.
Ou en pleine mer, à la pleine lune.
Que jamais on m'appellera avec cette voix. Tendresse et inquiétude mêlées. 
Que jamais personne ne dira " tu m'as manqué " avec un sourire tout tordu.
Que jamais personne ne me dira " allez, parle moi ", " dis quelque chose ".
Exaspération attendrie.

Merde. 

C'était irraisonné, incontrôlable. Evident.
Et j'ai pleuré sur les tasses propres.

J'ai été mangé et j'ai perdu le fil.
Il fallait s'y attendre. 

C'est un article à rêve précieux.
Je suis heureuse d'avoir bloqué tous les commentaires.

Parce que l'intime de l'intime est écrit là,
et le relire me donne envie de tout effacer.

Parce que c'est à moi.

Et que tout ce que j'ai pu décrire n'a pas la même importance pour vous que pour moi. 
Que certains vivent çà chaque jour et qu'ils se rendent plus compte du bonheur qu'ils ont sous la main.

Qu'est ce que je donnerai pour me sentir aimée. Heureuse. Attendue. Nécessaire.

Je voudrais me sentir comme dans un ancien rêve encore.
En sécurité.

Autorisée à raconter autant de bêtises que je voudrais en sachant qu'il ne m'aimera que plus.
Qu'il est pas loin.
Qu'il est là.
Toujours là.

Chahuter, plaisanter, rire.
Crier, pleurer, se disputer.
S'aimer. Encore et encore.

Ouais, je suis une putain de Bisounours si vous voulez.
Mais j'aspire à çà. Au chiffre deux.
Je veux tous les mecs de mes rêves réunis en un bien réel.

Je veux arrêter les impairs. Je veux me sentir paisible.
Je veux péter un câble et finir en fou rire, tête renversée sur un canapé clic clac.
Je veux quelqu'un sur qui pleurer, tempêter et rire.
Je veux quelqu'un contre qui dormir la nuit.
Je veux quelqu'un que je pourrais toucher, enlacer, aimer.

Merde.
Y'a plus moche.
Y'a plus beau.
Et tout ce monde aime.
Alors.. pourquoi pas moi ? 

Moi, je continue à essuyer une peur panique.
A bloquer. A imaginer trop vite.
A perdre tout naturel.

Avant, c'était bien.
Bien parce que
J'avais tout bloqué
Mais j'avais mal à en crever.
Sans oser en parler.

Maintenant, c'est. En cours d'analyse..
Je libère par paquets entiers et j'ai moins mal.
Je pleure, d'accord.
Mais çà libère, de pleurer.

Et l'écrire, çà le fait tenir encore un moment.
çà le fait flotter entre rêve et réalité.
C'est écrit.
Ce mec dégingandé qui m'appelait, inquiet.
Parce que je lui manquais.
Et qu'il voulait me voir.

Arrivée à écœurement complet, je ferme ici cet article.
La solitude n'en sera que plus complète au moment de fermer la lumière.

Et puis, finalement, se retrouver seule,
çà force à faire des choix.

A prendre des décisions.
A choisir ses destinations.
A commencer seule.
Pour finir seule.

Bref, éternelle rengaine.
Sauf que là, il faut que j'avance.
Et pas que je me replie.
Que je fasse comme avant.

Le truc bien, c'est qu'il n'y a pas le problème de la décision d'autrui.
Y'a toi et que toi. Point barre.

Baroudeuse, je l'ai jamais été.
La preuve, je suis rebondie.
Mais il faudrait que je le devienne pour toucher au but.
Je sais pas quand. Je sais pas comment.
Finalement, tout le monde veut la même chose que tout le monde.
Un échappatoire.

Et tout le monde veut aller à la mer aussi.

Frustration.
J'ai une voix saxophone.
Quand je chante, çà dérape comme un saxophone.
C'est beau, d'écouter quelques secondes, un saxophone qui se déchaîne.
Pas aussi beau qu'une mélodie au piano, mais quand même.
Et je parle pas de ma voix, là. Je parle d'un vrai saxophone.

Une beauté saxophone.
Voilà.
Je pourrais me définir comme çà.

Mais ne m'associez pas au jazz.
Le jazz est une musique qui m'oppresse.
Sans que je puisse mettre une explication.
Comme l'odeur vieillie de vieux livres présents chez mes grands parents.
Comme le parfum de ma maman.

Avant, son odeur servait à me bloquer toutes les peurs.
Aujourd'hui, c'est une odeur à angoisses.

J'ai relu un de ses articles et j'ai lu une scène de La Consolante.
Une scène qui flotte aussi dans ma tête.
Dans chacune de mes histoires.

J'ai été nerveuse. Troublée. Inquiète.
Toute la journée.
Sur la fin, j'étais exécrable.

Et là, j'ai la gorge écrasée.

J'ai noirci des pages que je ne publierai pas.
Le soleil était là, pourtant.

J'ai lu des morceaux de blogs par ci par là depuis quelques jours.
Je découvre des propos, des commentaires qui me rappellent un Avant pénible.
Je découvre des bouffées de fraicheur qui me reposent.
Alors, j'écris.

Le pire, c'est que je suis sincère.
Sincère de bout en bout dans ce que je dis.
Mes formulations sont surement hésitantes, tremblotantes.
Mais c'est un élancement entier et incroyable que je ressens quand je lis ces morceaux d'éternité.
Un élancement total de moi. Sans retenue.
Je serai prête à manger le monde pour qu'ils avancent. Arrivent à le faire.
Me donner comme jamais pour ces gens que je ne connais même pas.
C'est çà qui est étrange. Démesuré.
C'est çà qui m'entraine.

Comme quand j'ai traversé cette pinède.
Comme quand je me suis assise sur ces marches, devant cet étang.

C'est tout mon corps qui se met à hurler d'un coup.
Un hurlement de force pure.
Une décharge d'adrénaline.
Une décharge de bonheur pur.
Une noyade presque.

Tellement fort que les larmes ne sont jamais loin.

J'ai fait éclaté des barrières.
Toutes les réserves que j'avais maintenues derrière se sont déversées.

Je me sens vivre quand je prends le contrôle des choses.
Je suis d'une redoutable efficacité en situation de crise.
Je me sens vivre quand j'écris à côté.

C'est une pensée égoïste que de dire que je veux vivre à côté.
Que je ne veux pas suivre les lignes.
Que je veux tracer mon propre lignage.

Que je me sens vivre quand je me sens unique.
Quand je me sens à part.

C'est jouissif de savoir prendre une décision.
De s'y tenir. De signer.
De passer à la suivante.

Alors, surement que je ne sais pas encore comment contrôler ses afflux qui me viennent de partout.
Surement que je vais encore tâtonner quelques temps.
Surement que je me prendrais quelques claques encore.

Mais je l'ai dit ce soir.
En majuscules.

JE VEUX VIVRE.

Tu partiras.
C'est écrit. Depuis le tout début.
On a écrit de très jolies choses ensemble.
Des crises, des rires, des partages. Quelques secrets dévoilés.
Mais quand je te vois maintenant, que je les vois,
je m'efface.

C'est un reste de l'Ancienne Moi.
Je ne suis pas de taille pour lutter, tu vois.

J'ai été sincère dans ce que je t'ai dit, il n'y a pas longtemps.
Elles sont là, maintenant.
Alors, je suis morcelée entre plein d'envies contradictoires, aléatoires.
Valorisantes, dévalorisantes.
Valables. Hors sujet.
Irrecevables.

J'ai la peau toute blanche à nouveau.

Et je voulais dire.. je suis heureuse quand je lis la différence écrite paisiblement.
Je suis heureuse de trouver la Différence Courtoise.
La Différence Respectée.

Dans cet espace clos où le mauvais esprit et l'égoisme semblent majoritaires,
la Différence Courtoise est si rare.
Que çà déborde intérieurement quand j'en vois.

Je me suis perdue sur Google Earth.
J'ai des mots tout faibles pour dire que je veux faire le tour de la Terre.
Au moins.

Je meurs à rester dans les lignes.

" Je n'ai besoin de personne ".
Pas moi.

C'est çà l'inégalité majeure.
Celle que je m'applique à raboter.

" çà se dit pas comme çà. Rabioter, c'est quand tu rajoutes du rabiot. Et tu rajoutes rien là. Tu enlèves plutôt. Tu tailles donc. " Away We Go - Verona à Burt.
" Dis.. et si on était minable ? "
" On est pas des minables "

Dans ce film, il n'y a rien et pourtant, il y a tout.
Il me parle. Encore et encore.
Y'a des mots qui m'éventrent.
D'autres qui me gonflent comme un ballon.

Attendre un bébé.
L'état le plus mirifique d'une femme.
Grosse comme fine, Enceinte, chaque femme est drapée d'une beauté surnaturelle pour moi. 
Quand je les vois passées, j'ai envie d'être comme elles.
D'être deux. D'avoir un gros ventre caractéristique.
Galérer à me déplacer, me baisser, évoluer dans l'espace.
Etre énorme. Pouvoir poser les mains sur ce ventre, sans le sentir vivre.
Sentir les coups de pieds.

Pendant neuf mois. Un peu plus, un peu moins.

Pfft. La femme enceinte est la plus belle femme qui soit sur terre.
A mon humble avis.
Et je sais que çà varie.

Mais j'ai envie de le dire.
Parce que çà ne démord pas à l'intérieur de moi.

Mais je veux galérer avec un futur papa.
Etre chiante. Insupportable.
Colérique. Pénible.
Têtue.

Nan.. --' : Pire que maintenant.

Mais qu'il soit comme Burt.
Parce que Burt., il demande rien à personne.
Il est juste, oui, le "gros lot ".

Et oui, je veux aussi que ma soeur me lave les cheveux dans une baignoire vide de chez le marchand de baignoires vides. 

Oui, j'aimerais un quotidien à plusieurs.

J'aimerais pas être une Vérona qui se trouve hideuse en femme montgolfière.

Un bébé dans mon ventre.

C'étaient des mots à moi, d'il y a longtemps.
Des mots d'actualité toujours.
Mais je n'ai plus honte.
J'ai encore des problèmes pour m'exprimer convenablement encore.
Etre dans le bon tempo, le bon registre. La bonne mesure.
Taper chaque note en rythme sans partir à la dérive.
C'est dur. Parce que çà me dépasse souvent.

Que la spontanéité commence à prendre place dans mes caractéristiques.

Le choix. Choisir. Avancer.
Cesser de regarder en arrière.
Barrer le " j'aurais pu/du ".
Raturer le " on aurait pu/du ".
Déchirer les mots, les jeter et sortir la poubelle.

On a qu'une vie. Une seule.
A vivre.

VIVRE.

Alors, non. Les mauvais choix sont faits. Inchangeables.
Et finalement, je me dis que si j'avais réussi médecine, je ne serai pas forcément passée par tout ce que je suis passée.
Je me serai peut être pas découverte.
J'aurais pu devenir urgentiste.
Parce que depuis toujours, je sais que je suis efficace dans l'urgence.
Que c'est l'adrénaline et la panique alentour qui font que je reste calme et froide.
Avec des casse cous, comme mes frangins, j'en ai soigné des fronts ensanglantés et des hurlements hystériques.

Mais je n'ai pas eu médecine. Je ne serai JAMAIS médecin. Ou Urgentiste.
Je peux tenter d'être infirmière encore.

Lol. Et je me revois impatiente avec toi.
Mais c'était un autre type d'urgence.
Une urgence intérieure pour reprendre une respiration entière.
Mais j'étais perdue. Je savais pas qui j'étais. Qui je devais être.
J'ai plus réussi à réfléchir. çà a explosé.

J'ai respiré. çà y est.

Oui, j'ai des qualités.
Des défauts.

Une façon de parler.
Une spontanéité qui me rend heureuse.
Un nouveau calme.
De nouvelles certitudes.
Un nouveau cadre.
De nouvelles perspectives.

Mais la spontanéité, mes enfants. La spontanéité.

Aider une femme à sortir son bébé à fossettes et sa poussette du train.
Ramasser les journaux d'une petite vieille trahie par ses mains.
Se précipiter pour ouvrir en grand la porte de l'immeuble quand des gens emménagent.
Sourire. Plaisanter. Rajouter cent balles.

Parler Préservatifs au rayon Préservatifs.
Admirer la répartie de ma mère.
Entendre le rire d'une dame qui passe vite, les yeux baissés devant le rayon.
Arrêter le chariot devant et les regarder un par un.
Se dire " Mmmh, faudra que je les essaie tous ".
Transmettre sa pensée à sa soeur.
Continuer au rayon Cotons.
Surprendre les sourires.
Sourire à son tour.

Parce que, merde. Les préservatifs, c'est marrant, nan ?
Pour ma part, j'en sais rien.
Mais je crois, oui. Les fluo, les " à la fraise " (j'aime pas la fraise), les " .. zut, j'ai oublié le nom dans la pub! "real feel" ! ou un truc approchant. Bref, moi, j'ai envie de dire : il faut TESTER!
Un volontaire pour m'aider à les tester ?

En tout cas, c'est un tabou à la con qu'il faut encore fracasser.
Mille excuses pour mon langage coloré.
En ce moment, je me suis découvert une passion pour les propos moyen-âgeux à souhait en public.
çà sonne super bien. ( non, la première phrase du paragraphe n'en était pas )

Bref, somme toute, tout çà veut dire : laissez moi vivre.

J'ai toujours été comme çà.
Seulement, j'ai peur des garçons.
Même si maintenant, j'aime bien les regarder. Leur sourire si ils me sourient.
Tenir le plus longtemps possible les yeux dans les siens.
J'ai peur des garçons.

Je n'ai jamais eu le moindre petit ami.
Et j'ai 21 ans bientôt.

Et alors ?!
Je me sens seule, c'tout.

Je connaissais une amie qui avait honte de se dire célibataire depuis toujours. A seize ans. Depuis toujours en fait.
Je n'ai jamais réussi à comprendre pourquoi elle avait honte.
Je n'en ai toujours pas eu. Elle, si. Une jolie histoire commencée par la fin avec un gentil monsieur que je n'ai jamais rencontré finalement.

Cette fixation sur le "célibat" ( quel mot ingrat ) ne sert à rien.
C'est comme çà. Et puis voilà.

De toute manière, tant que j'aurais peur, je ne pourrais rien y changer.

Et moche ou pas moche, je vois chaque jour que l'amour est partout.
Qu'on le trouve partout, sous toutes ses formes.
Avec tous les gens disponibles.

Alors, même la fixation sur la beauté physique n'a plus un aussi fort impact.
Différence Courtoise.
J'aime !

J'aime regarder les gens.
Sans penser à leur futur, leur passé ou leur histoire.
Juste les voir.
Le laps de temps où je les croise.
J'aime bien.
Parce que l'espoir "basique" est partout.

Pourquoi pas Moi ?
Pourquoi pas Lui ?
Pourquoi pas Nous ?
Hein ?

çà n'a aucun sens.

En attendant,
 
JE VEUX VIVRE.

A une, deux, ou cent mille, je veux.

Mais je ne sais pas comment.
Je me casse un peu la tête, là.
Je pleure un peu.
Je ris beaucoup.
Tout çà toute seule, c'est plus amusant.

J'ai mal aussi.
Pour changer.

Mais le soleil brille.
Et si je me sens seule, je peux toujours aller m'allonger avec lui. 

çà tiendra la journée.

Je les ai revues, tu vois.
Et çà m'a creusé un trou immense dans le corps. Partout.
Il ne faut pas que j'y retourne.
C'est le passé, maintenant.

Merde, des nuages.

A côté de çà, tu as toujours été trop loin.
Toujours. Beaucoup. Trop. Loin.

C'est la définition même de la vie.

J'ai des projets par centaines.
Mais pas les mêmes.
Le savoir tout au fond.
Qu'on est capable.
Complètement capable.

Je.
J'étais prête.
Totalement prête.

Et là, le seul mot qui me vient à l'esprit, c'est " lol ".

Parce que.

J'ai renoué avec le plaisir.
J'ai mal, un peu beaucoup.
Mais, je me sens bien parce que j'ai le choix.
Encore et Encore.

Et que toi, tu l'as aussi.
Mais que tu me le laisses.

Faut que j'arrête, hein.
Tu le dis pas clairement, mais tu le penses très fort.

Je vais investir dans un sac de couchage.
Mais un aussi gros que celui du jour de l'an.
Mais un qui sentira pas mauvais.

Parce qu'en fait, je dors mieux et beaucoup mieux même,
dans des lits qui n'en sont pas.
Parce qu'ils ne sont pas mon lit, justement.
Qu'ils sont ailleurs. Un peu plus proche de la Liberté.

Entre les sacs de couchage, les galères pour sortir un matelas,
les machins métalliques qui formaient un espèce de hamac,
et les canapés passés de mode,
j'ai essayé.

Mais à côté de çà, dans mon petit lit de fille esseulée, je dors bien aussi.
J'ai une couette immense. Deux oreillers, un traversin.

J'ai tout. Je peux prendre un invité.
On manquera un peu de place mais en cas d'affinités excellentes, çà n'en sera que mieux.

Laissez moi rêver.

Rha, çà faisait longtemps que je ne m'étais pas sentie ainsi.

Je le sens au fin fond de moi.

Je me sens inférieure à beaucoup de gens. A elles.
Je peux pas lutter sur les mêmes tableaux qu'eux.

Je me sens minable, souvent.
çà s'infiltre en moi. çà se colle à chacune de mes pensées et çà mange tout le rose.

Elles. Elles. Elles.
Qui utilisent des mots que je n'ose prononcer.
Qui ont leur attention.
Son attention.

Encore un " lol " qui vient se frotter à mes lèvres.

Je suis pas dans la même cour.
Je suis ailleurs. Autre lieu.

Alors, je m'efface.
Elles prennent plus de place comme çà.
C'est mieux.

J'avais plein de choses post-itées en tête.
Des tas d'images. De trucs à dire.
Et encore une fois, çà s'est enfui.
Au moment où j'avais enfin envie d'écrire.

Ce matin, j'ai rêvé que je recommençais la danse.
Qu'on en était déjà au gala. Que j'étais en jean.
Que mes membres retrouvaient leur souplesse.
J'étais à l'extrémité gauche, dans la grande salle de Ravel.
Que j'étais en première ligne. Sans connaitre aucun mouvement.
Qu'on se retrouvait derrière les rideaux, après une sortie bordélique.
Que ma cousine en tutu et tiare de princesse tentait de m'expliquer.
Que je retournais sur scène et que je me sentais diablement dans mon élément.

Alors, au réveil..
Théâtre ou pas théâtre ?

Ravel. Une salle immense. Du parquet qui glisse sous les chaussons.
Des courses, des fous rires.
Des crises en coulisse.
Des petites à calmer.
Des danseuses à changer.
Une histoire bidon d'eau qui a un "mauvais goût".
La grand mère qui vient pour les collants.
Des costumes, des rôles.
Encore et encore.
Pendant des années.

L'ambiance des coulisses.
Inimitable.

Et çà y est, j'ai retrouvé !

Dans un des ballets, j'avais obtenu un rôle important.
Et il y a une scène où je quitte la scène justement, à pas lents.
A reculons, les yeux fixés sur l'héroïne de la soirée.
Je m'efface.
Et c'est exactement comme maintenant.

A chaque fois, c'est la même image qui s'impose.

Je suis contente de pouvoir enfin la poser par mots ici.

J'ai fait semblant de manger ce soir.
çà m'était jamais arrivé encore.
J'ai bu, dit que je mangerai avec les autres.
Et au moment des autres, dans la cohue des échanges, j'ai dit oui.
Que j'avais mangé.

Rien ne voulait passer.
çà va durer une semaine comme çà.
Et puis, hop.

Faudrait que j'appelle pour prendre rendez vous, quand même.
Lui expliquer le désastre. 

Quand j'ouvre le frigo, je le referme.
c'est sans saveur, sans envies.

Y'a plus rien dans la nourriture maintenant.

Tant mieux, hein.
J'ai de la marge à perdre.

J'en reviens pas de ton attitude quand même.
Tu m'as surprise la première fois.
Très fort. Une vraie claque.
Et puis je me suis blasée.
Je te savais.
Je te sais, en fait.

On fait salon dans le salon.
Dernière soirée ensemble avant la séparation demain.
Y'a Katy Perry qui nous fait bouger la tête et les fesses.

J'ai le choix.
Et je sais que je suis capable.

C'est terrible de se savoir capable de faire quelque chose.
Terrible.

Je conjugue avec la grisaille.

Et j'apprends sans.
" Il suffit parfois d'un inconnu pour que l'on sache qui l'on est "
L'homme de ma vie (film)

Effectivement.

( merci )
Tout est tellement étrange en ce moment.
Les gens recommencent à aller en cours.
Les journées s'organisent.
Le temps.. est laid depuis de nombreux jours maintenant.

çà fait si longtemps que je n'ai pas pris le temps de m'allonger au soleil.
Les cheveux en pétard, le regard incertain et l'équilibre instable.
Pour enjamber la fenêtre et m'allonger. Sans rien, juste les dalles dans mon dos.
Tatouage étrange quand je me relève. Quand j'arrive à le faire.

Mais çà fait si longtemps.
J'ai vu que des mots pouvaient manquer.
Je les ai lus très longtemps, ces mots. 
Pour comprendre ce que pouvait engendrer un manque.
Et finalement, ce soir, j'ai réalisé que oui, moi aussi, j'avais un manque.
Le manque de la chaleur. Le manque du vent sur ma peau.
La liberté d'action. Celle de se sentir dans son élément.
Flotter les pieds bien sur terre.

Oui, çà me manque.
Ce n'est pas une frustration. Je n'ai aucune impatience.
Juste cette résignation à guetter le moindre rayon de soleil.

Dire "çà me manque" a été plus compliqué que prévu, finalement.
J'avais un peu honte de l'écrire. Parce que je trouvais que çà sonnait faux.
Que je suis pas tellement faite pour le manque.
Que ce sont des mots nouveaux qu'il faut que j'apprivoise.
Parce que finalement, des manques, j'en ai des caisses pleines. 

Cela fait trois ans que je suis au carrefour de ma vie.
Que je m'obstine dans la ligne droite alors que finalement, ma vie.
Je sais où je veux la passer.
Et ce n'est surement pas sous ce ciel grisâtre.
Où je dois enfiler des couches et des couches de tissus pour sentir à nouveau la chaleur.

J'ai peur. Parce que je lis partout que finalement, je ne suis pas unique.
Je suis un mouton qui ne veut plus en être un et qui en reste un quand même.
Je change seulement de file. Je continue à faire la queue.
Comme tout le monde.

Et pour la première fois depuis trois ans,
je me suis sentie heureuse d'avoir le choix.
De pouvoir décider.

J'ai faibli.
Je me suis atténuée avec la disparition des rayons.
J'ai pâli. J'aurais pu partir en expédition, les marques sont quasiment invisibles maintenant.
Mais non. Mais bon.

J'ai les anciens démons qui reviennent brièvement.
Si je suis seule, c'est peut être parce que je suis vraiment hideuse.
Nan, sans rire. J'ai appris à aimer mon corps nu.
Appris à me regarder dans le miroir.
Mais.. je ne sais pas.
Il me faut bien une explication pour expliquer ma solitude, non ?
Alors, si çà se trouve, je le suis vraiment.
Mais moche, moche, moche.

Même là, j'arrive pas à ressentir quelque chose.
En boucle tourne dans ma tête, un chemin déjà tracé.
Je suis moche pour les autres. Mais au final, je vis plutôt bien avec moi, maintenant.
Alors, une cohabitation à vie, sans aucune prétention de plaire à quiconque ?
Pourquoi pas ?

Je suis fatiguée de ne plus être moi.
Je me perds encore trop souvent.
Ma vulgarité reprend de l'activité.
Et je ne réalise pas la violence de mes mots. 
Je n'y arrive pas.
Pour moi, je dis tout de manière gentille ou sur le ton de la plaisanterie.
Parce qu'après tout, pourquoi faudrait il que les gens souffrent un peu plus ?
Autant leur offrir un répit.

Dans mon esprit, les choses sont ainsi.
Mais dans ma bouche, les choses se déforment.
Elles atteignent des oreilles déformés par la paranoÏa,
l'habitude de la méchanceté.
Et çà prend des proportions tellement énormes.
Je fais mal. Je blesse. Je méprise. Je maltraite.
Aux antipodes de ce que je voudrais faire.
Misère.

J'essaie tellement.
Mais je n'y arrive pas.

La vulgarité m'apporte un véritable soulagement.
Bref, passager.
Quand la colère monte trop, je jure en riant et je vais mieux.
Mais seulement à la maison..

J'ai réussi à discuter quatre longues heures avec elle.
çà ne m'était jamais arrivé.
On s'est découvert plein de points communs.
Des fous rires. Des blagues.

Contrôler mon langage.
Vaincre l'habitude de la banlieue.
Vaincre l'horreur d'un langage trop imagé.
Je n'ai jamais dit que j'avais fini.
J'entame à peine.

çà sera dur, je le suis de plus en plus en ce moment.
C'est plus fort que moi.
Bien plus fort que moi.

Lol, je me souviens plus de comment on fait pour écrire libre.
Je sèche autant que cette fichue pluie mouille les vitres.

çà va aller de pire en pire avec l'automne et l'hiver.
Une longue année qu'on ne passera pas forcément.
çà me fait un peu peur de penser à moi, toute seule sur cette route.

Alors, il va me falloir de nouvelles règles, de nouvelles joies,
de nouveaux buts, de nouveaux plaisirs.

De nouveaux défis, de nouveaux fous rires. 

Une solitude qu'il va falloir que j'aménage.

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