Destination.Ailleurs

A la lettre L,

J'ai une voix saxophone.
Quand je chante, çà dérape comme un saxophone.
C'est beau, d'écouter quelques secondes, un saxophone qui se déchaîne.
Pas aussi beau qu'une mélodie au piano, mais quand même.
Et je parle pas de ma voix, là. Je parle d'un vrai saxophone.

Une beauté saxophone.
Voilà.
Je pourrais me définir comme çà.

Mais ne m'associez pas au jazz.
Le jazz est une musique qui m'oppresse.
Sans que je puisse mettre une explication.
Comme l'odeur vieillie de vieux livres présents chez mes grands parents.
Comme le parfum de ma maman.

Avant, son odeur servait à me bloquer toutes les peurs.
Aujourd'hui, c'est une odeur à angoisses.

J'ai relu un de ses articles et j'ai lu une scène de La Consolante.
Une scène qui flotte aussi dans ma tête.
Dans chacune de mes histoires.

J'ai été nerveuse. Troublée. Inquiète.
Toute la journée.
Sur la fin, j'étais exécrable.

Et là, j'ai la gorge écrasée.

J'ai noirci des pages que je ne publierai pas.
Le soleil était là, pourtant.

J'ai lu des morceaux de blogs par ci par là depuis quelques jours.
Je découvre des propos, des commentaires qui me rappellent un Avant pénible.
Je découvre des bouffées de fraicheur qui me reposent.
Alors, j'écris.

Le pire, c'est que je suis sincère.
Sincère de bout en bout dans ce que je dis.
Mes formulations sont surement hésitantes, tremblotantes.
Mais c'est un élancement entier et incroyable que je ressens quand je lis ces morceaux d'éternité.
Un élancement total de moi. Sans retenue.
Je serai prête à manger le monde pour qu'ils avancent. Arrivent à le faire.
Me donner comme jamais pour ces gens que je ne connais même pas.
C'est çà qui est étrange. Démesuré.
C'est çà qui m'entraine.

Comme quand j'ai traversé cette pinède.
Comme quand je me suis assise sur ces marches, devant cet étang.

C'est tout mon corps qui se met à hurler d'un coup.
Un hurlement de force pure.
Une décharge d'adrénaline.
Une décharge de bonheur pur.
Une noyade presque.

Tellement fort que les larmes ne sont jamais loin.

J'ai fait éclaté des barrières.
Toutes les réserves que j'avais maintenues derrière se sont déversées.

Je me sens vivre quand je prends le contrôle des choses.
Je suis d'une redoutable efficacité en situation de crise.
Je me sens vivre quand j'écris à côté.

C'est une pensée égoïste que de dire que je veux vivre à côté.
Que je ne veux pas suivre les lignes.
Que je veux tracer mon propre lignage.

Que je me sens vivre quand je me sens unique.
Quand je me sens à part.

C'est jouissif de savoir prendre une décision.
De s'y tenir. De signer.
De passer à la suivante.

Alors, surement que je ne sais pas encore comment contrôler ses afflux qui me viennent de partout.
Surement que je vais encore tâtonner quelques temps.
Surement que je me prendrais quelques claques encore.

Mais je l'ai dit ce soir.
En majuscules.

JE VEUX VIVRE.

Tu partiras.
C'est écrit. Depuis le tout début.
On a écrit de très jolies choses ensemble.
Des crises, des rires, des partages. Quelques secrets dévoilés.
Mais quand je te vois maintenant, que je les vois,
je m'efface.

C'est un reste de l'Ancienne Moi.
Je ne suis pas de taille pour lutter, tu vois.

J'ai été sincère dans ce que je t'ai dit, il n'y a pas longtemps.
Elles sont là, maintenant.
Alors, je suis morcelée entre plein d'envies contradictoires, aléatoires.
Valorisantes, dévalorisantes.
Valables. Hors sujet.
Irrecevables.

J'ai la peau toute blanche à nouveau.

Et je voulais dire.. je suis heureuse quand je lis la différence écrite paisiblement.
Je suis heureuse de trouver la Différence Courtoise.
La Différence Respectée.

Dans cet espace clos où le mauvais esprit et l'égoisme semblent majoritaires,
la Différence Courtoise est si rare.
Que çà déborde intérieurement quand j'en vois.

Je me suis perdue sur Google Earth.
J'ai des mots tout faibles pour dire que je veux faire le tour de la Terre.
Au moins.

Je meurs à rester dans les lignes.

" Je n'ai besoin de personne ".
Pas moi.

C'est çà l'inégalité majeure.
Celle que je m'applique à raboter.

" çà se dit pas comme çà. Rabioter, c'est quand tu rajoutes du rabiot. Et tu rajoutes rien là. Tu enlèves plutôt. Tu tailles donc. " Away We Go - Verona à Burt.
" Dis.. et si on était minable ? "
" On est pas des minables "

Dans ce film, il n'y a rien et pourtant, il y a tout.
Il me parle. Encore et encore.
Y'a des mots qui m'éventrent.
D'autres qui me gonflent comme un ballon.

Attendre un bébé.
L'état le plus mirifique d'une femme.
Grosse comme fine, Enceinte, chaque femme est drapée d'une beauté surnaturelle pour moi. 
Quand je les vois passées, j'ai envie d'être comme elles.
D'être deux. D'avoir un gros ventre caractéristique.
Galérer à me déplacer, me baisser, évoluer dans l'espace.
Etre énorme. Pouvoir poser les mains sur ce ventre, sans le sentir vivre.
Sentir les coups de pieds.

Pendant neuf mois. Un peu plus, un peu moins.

Pfft. La femme enceinte est la plus belle femme qui soit sur terre.
A mon humble avis.
Et je sais que çà varie.

Mais j'ai envie de le dire.
Parce que çà ne démord pas à l'intérieur de moi.

Mais je veux galérer avec un futur papa.
Etre chiante. Insupportable.
Colérique. Pénible.
Têtue.

Nan.. --' : Pire que maintenant.

Mais qu'il soit comme Burt.
Parce que Burt., il demande rien à personne.
Il est juste, oui, le "gros lot ".

Et oui, je veux aussi que ma soeur me lave les cheveux dans une baignoire vide de chez le marchand de baignoires vides. 

Oui, j'aimerais un quotidien à plusieurs.

J'aimerais pas être une Vérona qui se trouve hideuse en femme montgolfière.

Un bébé dans mon ventre.

C'étaient des mots à moi, d'il y a longtemps.
Des mots d'actualité toujours.
Mais je n'ai plus honte.
J'ai encore des problèmes pour m'exprimer convenablement encore.
Etre dans le bon tempo, le bon registre. La bonne mesure.
Taper chaque note en rythme sans partir à la dérive.
C'est dur. Parce que çà me dépasse souvent.

Que la spontanéité commence à prendre place dans mes caractéristiques.

Le choix. Choisir. Avancer.
Cesser de regarder en arrière.
Barrer le " j'aurais pu/du ".
Raturer le " on aurait pu/du ".
Déchirer les mots, les jeter et sortir la poubelle.

On a qu'une vie. Une seule.
A vivre.

VIVRE.

Alors, non. Les mauvais choix sont faits. Inchangeables.
Et finalement, je me dis que si j'avais réussi médecine, je ne serai pas forcément passée par tout ce que je suis passée.
Je me serai peut être pas découverte.
J'aurais pu devenir urgentiste.
Parce que depuis toujours, je sais que je suis efficace dans l'urgence.
Que c'est l'adrénaline et la panique alentour qui font que je reste calme et froide.
Avec des casse cous, comme mes frangins, j'en ai soigné des fronts ensanglantés et des hurlements hystériques.

Mais je n'ai pas eu médecine. Je ne serai JAMAIS médecin. Ou Urgentiste.
Je peux tenter d'être infirmière encore.

Lol. Et je me revois impatiente avec toi.
Mais c'était un autre type d'urgence.
Une urgence intérieure pour reprendre une respiration entière.
Mais j'étais perdue. Je savais pas qui j'étais. Qui je devais être.
J'ai plus réussi à réfléchir. çà a explosé.

J'ai respiré. çà y est.

Oui, j'ai des qualités.
Des défauts.

Une façon de parler.
Une spontanéité qui me rend heureuse.
Un nouveau calme.
De nouvelles certitudes.
Un nouveau cadre.
De nouvelles perspectives.

Mais la spontanéité, mes enfants. La spontanéité.

Aider une femme à sortir son bébé à fossettes et sa poussette du train.
Ramasser les journaux d'une petite vieille trahie par ses mains.
Se précipiter pour ouvrir en grand la porte de l'immeuble quand des gens emménagent.
Sourire. Plaisanter. Rajouter cent balles.

Parler Préservatifs au rayon Préservatifs.
Admirer la répartie de ma mère.
Entendre le rire d'une dame qui passe vite, les yeux baissés devant le rayon.
Arrêter le chariot devant et les regarder un par un.
Se dire " Mmmh, faudra que je les essaie tous ".
Transmettre sa pensée à sa soeur.
Continuer au rayon Cotons.
Surprendre les sourires.
Sourire à son tour.

Parce que, merde. Les préservatifs, c'est marrant, nan ?
Pour ma part, j'en sais rien.
Mais je crois, oui. Les fluo, les " à la fraise " (j'aime pas la fraise), les " .. zut, j'ai oublié le nom dans la pub! "real feel" ! ou un truc approchant. Bref, moi, j'ai envie de dire : il faut TESTER!
Un volontaire pour m'aider à les tester ?

En tout cas, c'est un tabou à la con qu'il faut encore fracasser.
Mille excuses pour mon langage coloré.
En ce moment, je me suis découvert une passion pour les propos moyen-âgeux à souhait en public.
çà sonne super bien. ( non, la première phrase du paragraphe n'en était pas )

Bref, somme toute, tout çà veut dire : laissez moi vivre.

J'ai toujours été comme çà.
Seulement, j'ai peur des garçons.
Même si maintenant, j'aime bien les regarder. Leur sourire si ils me sourient.
Tenir le plus longtemps possible les yeux dans les siens.
J'ai peur des garçons.

Je n'ai jamais eu le moindre petit ami.
Et j'ai 21 ans bientôt.

Et alors ?!
Je me sens seule, c'tout.

Je connaissais une amie qui avait honte de se dire célibataire depuis toujours. A seize ans. Depuis toujours en fait.
Je n'ai jamais réussi à comprendre pourquoi elle avait honte.
Je n'en ai toujours pas eu. Elle, si. Une jolie histoire commencée par la fin avec un gentil monsieur que je n'ai jamais rencontré finalement.

Cette fixation sur le "célibat" ( quel mot ingrat ) ne sert à rien.
C'est comme çà. Et puis voilà.

De toute manière, tant que j'aurais peur, je ne pourrais rien y changer.

Et moche ou pas moche, je vois chaque jour que l'amour est partout.
Qu'on le trouve partout, sous toutes ses formes.
Avec tous les gens disponibles.

Alors, même la fixation sur la beauté physique n'a plus un aussi fort impact.
Différence Courtoise.
J'aime !

J'aime regarder les gens.
Sans penser à leur futur, leur passé ou leur histoire.
Juste les voir.
Le laps de temps où je les croise.
J'aime bien.
Parce que l'espoir "basique" est partout.

Pourquoi pas Moi ?
Pourquoi pas Lui ?
Pourquoi pas Nous ?
Hein ?

çà n'a aucun sens.

En attendant,
 
JE VEUX VIVRE.

A une, deux, ou cent mille, je veux.

Mais je ne sais pas comment.

La discussion continue ailleurs...

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