Destination.Ailleurs

A la lettre L,

Tout est tellement étrange en ce moment.
Les gens recommencent à aller en cours.
Les journées s'organisent.
Le temps.. est laid depuis de nombreux jours maintenant.

çà fait si longtemps que je n'ai pas pris le temps de m'allonger au soleil.
Les cheveux en pétard, le regard incertain et l'équilibre instable.
Pour enjamber la fenêtre et m'allonger. Sans rien, juste les dalles dans mon dos.
Tatouage étrange quand je me relève. Quand j'arrive à le faire.

Mais çà fait si longtemps.
J'ai vu que des mots pouvaient manquer.
Je les ai lus très longtemps, ces mots. 
Pour comprendre ce que pouvait engendrer un manque.
Et finalement, ce soir, j'ai réalisé que oui, moi aussi, j'avais un manque.
Le manque de la chaleur. Le manque du vent sur ma peau.
La liberté d'action. Celle de se sentir dans son élément.
Flotter les pieds bien sur terre.

Oui, çà me manque.
Ce n'est pas une frustration. Je n'ai aucune impatience.
Juste cette résignation à guetter le moindre rayon de soleil.

Dire "çà me manque" a été plus compliqué que prévu, finalement.
J'avais un peu honte de l'écrire. Parce que je trouvais que çà sonnait faux.
Que je suis pas tellement faite pour le manque.
Que ce sont des mots nouveaux qu'il faut que j'apprivoise.
Parce que finalement, des manques, j'en ai des caisses pleines. 

Cela fait trois ans que je suis au carrefour de ma vie.
Que je m'obstine dans la ligne droite alors que finalement, ma vie.
Je sais où je veux la passer.
Et ce n'est surement pas sous ce ciel grisâtre.
Où je dois enfiler des couches et des couches de tissus pour sentir à nouveau la chaleur.

J'ai peur. Parce que je lis partout que finalement, je ne suis pas unique.
Je suis un mouton qui ne veut plus en être un et qui en reste un quand même.
Je change seulement de file. Je continue à faire la queue.
Comme tout le monde.

Et pour la première fois depuis trois ans,
je me suis sentie heureuse d'avoir le choix.
De pouvoir décider.

J'ai faibli.
Je me suis atténuée avec la disparition des rayons.
J'ai pâli. J'aurais pu partir en expédition, les marques sont quasiment invisibles maintenant.
Mais non. Mais bon.

J'ai les anciens démons qui reviennent brièvement.
Si je suis seule, c'est peut être parce que je suis vraiment hideuse.
Nan, sans rire. J'ai appris à aimer mon corps nu.
Appris à me regarder dans le miroir.
Mais.. je ne sais pas.
Il me faut bien une explication pour expliquer ma solitude, non ?
Alors, si çà se trouve, je le suis vraiment.
Mais moche, moche, moche.

Même là, j'arrive pas à ressentir quelque chose.
En boucle tourne dans ma tête, un chemin déjà tracé.
Je suis moche pour les autres. Mais au final, je vis plutôt bien avec moi, maintenant.
Alors, une cohabitation à vie, sans aucune prétention de plaire à quiconque ?
Pourquoi pas ?

Je suis fatiguée de ne plus être moi.
Je me perds encore trop souvent.
Ma vulgarité reprend de l'activité.
Et je ne réalise pas la violence de mes mots. 
Je n'y arrive pas.
Pour moi, je dis tout de manière gentille ou sur le ton de la plaisanterie.
Parce qu'après tout, pourquoi faudrait il que les gens souffrent un peu plus ?
Autant leur offrir un répit.

Dans mon esprit, les choses sont ainsi.
Mais dans ma bouche, les choses se déforment.
Elles atteignent des oreilles déformés par la paranoÏa,
l'habitude de la méchanceté.
Et çà prend des proportions tellement énormes.
Je fais mal. Je blesse. Je méprise. Je maltraite.
Aux antipodes de ce que je voudrais faire.
Misère.

J'essaie tellement.
Mais je n'y arrive pas.

La vulgarité m'apporte un véritable soulagement.
Bref, passager.
Quand la colère monte trop, je jure en riant et je vais mieux.
Mais seulement à la maison..

J'ai réussi à discuter quatre longues heures avec elle.
çà ne m'était jamais arrivé.
On s'est découvert plein de points communs.
Des fous rires. Des blagues.

Contrôler mon langage.
Vaincre l'habitude de la banlieue.
Vaincre l'horreur d'un langage trop imagé.
Je n'ai jamais dit que j'avais fini.
J'entame à peine.

çà sera dur, je le suis de plus en plus en ce moment.
C'est plus fort que moi.
Bien plus fort que moi.

Lol, je me souviens plus de comment on fait pour écrire libre.
Je sèche autant que cette fichue pluie mouille les vitres.

çà va aller de pire en pire avec l'automne et l'hiver.
Une longue année qu'on ne passera pas forcément.
çà me fait un peu peur de penser à moi, toute seule sur cette route.

Alors, il va me falloir de nouvelles règles, de nouvelles joies,
de nouveaux buts, de nouveaux plaisirs.

De nouveaux défis, de nouveaux fous rires. 

Une solitude qu'il va falloir que j'aménage.

La discussion continue ailleurs...

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