Destination.Ailleurs

A la lettre L,

J'entame sans savoir si je finirai.
J'y ai pensé toute la journée.
A écrire ce rêve.
A écrire cette feuille punaisée sur ce mur.
çà fera encore quelques articles en plus.
Des feuilles gribouillées, j'en ai des tas.
çà parle de gens qui vivent dans ma tête.
Et surement de gens qui vivent une vie.

Vivre une vie.
On pourrait dire " Pléonasme ! "
Comme si Vivre une vie comportait la même aberration que Sortir dehors. 

Je monte souvent en haut, vous savez. 
Et ce n'est pas un pléonasme.
Non.

Depuis hier nuit, j'ai une playlist française qui tourne.
J'ai hésité à écrire avec elle.
Et puis, j'ai préféré le marketing pour maintenir mes doigts en rythme.

Depuis avant hier, je dors mal.
Je me réveille, les draps trempés de peur.
A n'importe quelle heure.

Avant hier, je me suis réveillée vers les six heures, croyant voir au dessus de moi,
une charpente en bois, couverte de poussières et toiles d'araignées mêlées.
Ma première question a été : " Où suis je ? "
Ma deuxième " je suis nue. Comment je sors d'ici ? "

Tout çà en un fragment de seconde.
Quand j'ai enfin ouvert les yeux pour de bon, j'ai vu les trous dans mes volets.
J'ai vu que j'étais chez moi.
Mais l'angoisse me tenait encore super fort le corps.

Ce matin, j'ai émergé à plusieurs moments.
Mon dernier rêve a été.. un rêve comme j'en fais rarement.
Mais qui reste. Encore et encore.
On était à la maison, mais pas tout à fait.
Y'avait plein de gens.
Des amis d'école.
Je n'étais pas en fac, j'étais en école, je sais pas de quoi, je sais pas d'où.
Et y'avait ces gens avec moi.
Je rêvais que je m'occupais d'une plante tentaculaire ( retour fracassant du jardinage. çà m'a marqué, ce rosier ).
On était plusieurs.
Et y'avait une fille rousse foncé. Somme toute, une chevelure magnifique.
On s'entendait plutôt.
Et y'avait cet homme.
Il était grand. Un peu barbu.
Sportif mais un peu chétif.
Et on était ensemble.
Je sais, c'est tout.
Je me retrouvais à monter sur mon balcon alors qu'il rentrait dans l'appart'.
Et il m'appelait.
J'aimais sa voix. Vraiment.
Et pourtant, j'étais en colère contre lui.
Sans pouvoir l'expliquer, je ne voulais pas qu'il me trouve.
Tout en voulant qu'il continue à me chercher.
Je suis compliquée, c'pas nouveau.
Je veux une sorte de contrôle.
 Être sure des sentiments des autres avant de montrer les miens.
Alors sa voix résonnait. Il passait la chambre de mon frère et ma sœur, celle de mes parents.
Et sa voix, toujours. Mon prénom dans sa bouche.
Il avait une façon de le faire.
Je dirigeais mes pas au son de sa voix. Je me cachais du mieux possible.
Je connais les lieux et pas lui.

Sa voix s'est tue et la scène a changé.
On était tous dans un parc.
Sur une sorte de pelouse rectangulaire encadrée de part et d'autre par un chemin sableux et des arbres genre pommiers.
On avait encore les plantes avec nous. Sur une grande table devant nous.
Et y'avait cet homme.
Censé être le mien.
Qui discutait et qui finalement se mit à courir.
A l'opposé de nous. Comme pour partir.
Les gens le rappelaient, je crois.
Lui disaient que ce n'était pas la peine.
Mais il les écoutait pas et il continuait.

Et puis, à un moment, très vite, finalement,
il a fait demi tour et a traversé la pelouse, à petites foulées bien tranquilles,
jusqu'à se poster devant moi.
Je sentais que j'étais amoureuse de lui, que je voulais le prendre dans mes bras.
Et pourtant, pourtant, j'ai détourné la tête, feignant de ne pas le voir.
Pas plus que d'écouter mes envies. Bras croisés.

Y'avait un autre moment où on était côte à côte et il essayait de me parler.
Tout en parlant aux autres.
On était juste à côté et nos bras se touchaient.
Encore une fois, je le voulais autour de moi. Vraiment.
Et ce moi rêveur qui ne voulait pas lui donner un seul signe d'encouragement.

Ce qui ressort, c'est que je le testais. Du début du rêve, à la fin.
Et il tenait bon face à mon ignorance et ma froideur.

C'est çà que je retiens.
C'est çà qui m'a crevé le cœur.

Me savoir seule. Sans un garçon aussi patient pour me gérer.
Parce que j'étais amoureuse. Clairement, je le sentais.
Mais j'osais pas. Je n'étais pas sure de son attirance à lui.
Et pourtant, fallait voir avec quelle patience, il restait à mes côtés.

Et y'avait sa voix. Une voix d'homme. Chaude, rauque. Puissante.
Je ne sais d'où je la sors de mon intellect.
Affectée, inclinée.
Et mon prénom dans cette voix. Voix un tout petit peu inquiète.

Merde. Putain. De Bordel de MERDE.

Tu crois qu'un jour, y'en aurait un sur cette fichue planète qui m'appellerait de cette manière là ?!
Tu crois que y'en aurait un pour m'appeler ainsi ? Mêler l'inquiétude à la tendresse ?!
Y'en aurait un qui .. 

PUTAIN.

Je me fais mal toute seule.

Hier, j'ai passé une journée horrible.
J'ai pleuré tant et plus du réveil au coucher.
Pour tout, pour rien.
C'est habituel. Par semaine sans pilule, il y a un jour où je me noie complètement.

J'ai tout pris de travers. Tout fait mijoter jusqu'à ce que la cocotte explose et me brule tout l'intérieur.

Et ma sœur qu'était là.
A me raconter que son copain lui avait fait l'amour contre un arbre dans la forêt.

...

Je m'étais arrêtée de pleurer peu avant. J'avais repris le dessus.
Et elle m'a dit çà.
J'ai pas été choquée. J'ai été malheureuse.
De savoir jusqu'au plus profond de mes tripes que Jamais, je vivrais un truc pareil.
Que jamais je serai deux.
Que jamais j'y arriverai.
A faire l'amour contre un arbre.
Ou en pleine mer, à la pleine lune.
Que jamais on m'appellera avec cette voix. Tendresse et inquiétude mêlées. 
Que jamais personne ne dira " tu m'as manqué " avec un sourire tout tordu.
Que jamais personne ne me dira " allez, parle moi ", " dis quelque chose ".
Exaspération attendrie.

Merde. 

C'était irraisonné, incontrôlable. Evident.
Et j'ai pleuré sur les tasses propres.

J'ai été mangé et j'ai perdu le fil.
Il fallait s'y attendre. 

C'est un article à rêve précieux.
Je suis heureuse d'avoir bloqué tous les commentaires.

Parce que l'intime de l'intime est écrit là,
et le relire me donne envie de tout effacer.

Parce que c'est à moi.

Et que tout ce que j'ai pu décrire n'a pas la même importance pour vous que pour moi. 
Que certains vivent çà chaque jour et qu'ils se rendent plus compte du bonheur qu'ils ont sous la main.

Qu'est ce que je donnerai pour me sentir aimée. Heureuse. Attendue. Nécessaire.

Je voudrais me sentir comme dans un ancien rêve encore.
En sécurité.

Autorisée à raconter autant de bêtises que je voudrais en sachant qu'il ne m'aimera que plus.
Qu'il est pas loin.
Qu'il est là.
Toujours là.

Chahuter, plaisanter, rire.
Crier, pleurer, se disputer.
S'aimer. Encore et encore.

Ouais, je suis une putain de Bisounours si vous voulez.
Mais j'aspire à çà. Au chiffre deux.
Je veux tous les mecs de mes rêves réunis en un bien réel.

Je veux arrêter les impairs. Je veux me sentir paisible.
Je veux péter un câble et finir en fou rire, tête renversée sur un canapé clic clac.
Je veux quelqu'un sur qui pleurer, tempêter et rire.
Je veux quelqu'un contre qui dormir la nuit.
Je veux quelqu'un que je pourrais toucher, enlacer, aimer.

Merde.
Y'a plus moche.
Y'a plus beau.
Et tout ce monde aime.
Alors.. pourquoi pas moi ? 

Moi, je continue à essuyer une peur panique.
A bloquer. A imaginer trop vite.
A perdre tout naturel.

Avant, c'était bien.
Bien parce que
J'avais tout bloqué
Mais j'avais mal à en crever.
Sans oser en parler.

Maintenant, c'est. En cours d'analyse..
Je libère par paquets entiers et j'ai moins mal.
Je pleure, d'accord.
Mais çà libère, de pleurer.

Et l'écrire, çà le fait tenir encore un moment.
çà le fait flotter entre rêve et réalité.
C'est écrit.
Ce mec dégingandé qui m'appelait, inquiet.
Parce que je lui manquais.
Et qu'il voulait me voir.

Arrivée à écœurement complet, je ferme ici cet article.
La solitude n'en sera que plus complète au moment de fermer la lumière.

La discussion continue ailleurs...

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