Destination.Ailleurs

A la lettre L,

Je suis là, à une heure et cinq minutes, rêvant d'une cigarette miraculeuse. J'suis là et j'sais pas comment formuler. J'ai craché mon cri du coeur tout à l'heure et je viens de le supprimer. Pourquoi ? Parce que je suis libre de mon domaine. Je pleure. Chaque évènement est un coup de poignard. Ils me font tellement mal. Ils me font tellement, tellement mal. Ils sont là et ils me décochent flèche sur flèche. Ils me tiennent la main et me tiennent à leur côté. Ils me tiennent par le cou. Me tisonnent le coeur et regardent comment j'essaie de me débattre. Ils sont là et un par un, ils me font mourir. 

Ils me font mourir et ne comprennent rien. Ne voient rien venir; Rien. J'ai fait beaucoup pour eux. Voire énormément et finalement, lui m'a jeté. Avec méthode, il faut lui reconnaitre cette qualité. Elle m'a cassé en deux. A tourner en rond à refaire un monde qui ne sortira jamais que de nos deux bouches. Souffrir de voir les gens qui doivent être heureux crever dans leurs conneries. Ils m'ont tous fait mal. Me font tous mal. Un mal bien profond, bien compact. Des claques que je n'arrive plus à encaisser.

Une sorte de cassure. Toujours plus profonde. Toujours plus désespérante. Une cassure. Une rupture. Un hurlement du fond de l'être. Cette nature démentielle que je bloque. Société;

Je vous lis. Je vous entend. Je vous vois. Un par un ou tous à la fois et la nausée me tient. Me tient comme jamais, jamais, elle ne m'a tenu.

Je ne peux plus continuer. Et pourtant, il va falloir. Mais c'est fini. Les masques sont tombés. Je  ne serai plus rien. Plus rien. Terminé.

Ils sont là, m'entourent. Me parlent. Me parlent. Me parlent. Ils ne s'arrêtent pas. Et je voudrais tant qu'ils arrêtent. Je voudrais tellement, tellement qu'ils s'arrêtent. Je voudrais à l'infini. Qu'ils se taisent. Que le silence se fasse. Que le silence continue à jamais.

Je n'en peux plus de leurs mensonges. J'en peux plus. C'est fini. Je peux plus supporter le mensonge quand je connais la vérité. 
Je ne peux plus les entendre. Entendre ces mots et ces impasses. Ces rêves brisés qui en seront à jamais. Pourquoi il parle alors ? Pourquoi il parle ? Pourquoi fait il cet effort plutôt que de fermer sa gueule ? Pourquoi ?

Les incohérences me frappent plus durement encore qu'avant. 

Je n'en peux plus de leurs " on aurait pu ", " on aurait du ". J'en peux plus. C'est fini. Je peux plus voir les gens faire demi tour une fois l'embranchement passé. Quand le choix est passé, que la décision est prise. Il ne faut plus regarder derrière. Il faut regarder devant. Et je les entends refaire un passé qu'ils ne pourront plus jamais toucher. On aurait pu, hein. Ta gueule.

Je n'en peux plus des discussions qui tournent en rond. Je n'en peux plus des impasses. Des rêves qui se brisent sur les esprits des cons. Des rêves qui n'arrivent pas à pousser paisiblement.

Mais eux ne le savent pas et pourtant. Pourtant. 

L'année se finit. Le trente et un Décembre s'est entamé et pour une fin d'année, çà sera une fin d'année. Une fin tout court.

Et tu veux que je te dise ? Le summum de l'horreur se tient dans les Nouvelles Résolutions. 
Ils vont arriver et en faire. Allez, disons çà çà et ci.

Foutaises.

" Tu es folle. Tu devrais avoir honte. J'espère que personne ne t'a vu ".
Merci. Merci infiniment de m'avoir laissé parler.
Je crois que jamais encore tu n'as su que j'étais une fille charismatique.
Ben voilà, je te le dis. J'ai du charisme. Une putain de présence.

Alors, je t'ai dit. J'ai dit ces mots que je retenais depuis si longtemps, je les ai lancés dans l'habitacle. 
Je t'ai raconté comment ma vie allait s'écrire. Comment tu n'en comprendrais jamais rien. Comment tu pourrais jamais n'en effleurer un seul instant. Comment tu es un régal à écouter tellement borné, tellement fermé. Et j'ai dit que çà. J'ai dit " je " et je me suis lancée. Et j'ai ressenti une bouffée de bonheur. Le noeud coulant qui m'écorche la peau de la gorge s'est un peu desserré.

J'ai dit " je ". J'ai pensé à moi. J'ai fait que çà. 

J'ai passé trop de temps à me raccrocher aux autres et à me faire piétiner. A me faire bousculer, malmener. Dicter conduite et façon de penser. Explosée en plein vol. J'ai essayé de faire en fonction de Vous. Pour réaliser que je n'étais rien, hein. Rien du tout. Un bouche trou, un prénom. Une présence plus faible, plus incertaine.

Et lui, lui. Putain, lui. J'ai eu tellement pitié. Tellement pitié. Je sais toujours pas ce qu'il cherchait en me disant ces mots remplis de vide et de riens et de mots vides ne servant à rien. Et j'ai pas envie de savoir. Même pas. 

J'écris Je. Et je suis épuisée. S'ils savaient.

"ILS" n'est pas tout le monde. Des moments de douceur sont dispersés dans mon quotidien. Des moments lointains que j'espère pouvoir effleurer un jour. 

Je suis une adolescente profondément agressive, bornée, insultante, vulgaire. J'ai des rêves minuscules. Aucun projet. Aucune organisation, quelques réussites en gris dans son CV. Aucune indépendance. Aucune volonté. Aucune personnalité. Je suis grosse, moche. Boutonneuse. Immense. Mal fringuée. Masculine. Aucun goût. Aucune envie de responsabilité. Aucune envie tout court.

Je rassemble ici tout ce que j'ai pu me prendre dans la gueule. Voilà. Cet amas d'immondices, c'est ce qu'ils ont tous pensé. Oh oui. Même avec de grands sourires et des " bien sur que non " puant de mensonges, leurs yeux cherchaient une sortie. Ecoeurée. Vous comprenez un peu tout ce qui m'arrive ? Je ne suis rien. Rien, rien, que dalle. Rien à vos yeux. je ne suis RIEN. Alors, pourquoi devrais je rester ?

Et je ris. Je ris à la folie. Parce que je suis une femme. Une femme. Peut être hésitante et flageolante. Mais. J'ai des creux, des bosses et de sacrées plaies un peu partout. Je sais pas comment je vais grandir. Mais j'ai d'autres certitudes et d'autres savoirs.

Et je t'ai assez remercié de m'avoir brisé et humilié. Il est temps que j'arrête, tu crois pas ? Moi, j'en peux plus. Tout est écrit, terminé. Relu et réchauffé, çà n'a plus aucun goût, hein. Plus rien. Le bouche trou tire sa révérence. Tu sauras construire avec tes mains. Moi, j'ai besoin des miennes pour attraper ma valise et foutre le camp.

La discussion continue ailleurs...

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