Destination.Ailleurs

A la lettre L,

La première nuit où il a fallu que j'enfile une culotte pour dormir, cette semaine, je me suis dit que j'allais pas y arriver.
C'était la première fois que je me sentais prisonnière dans ce sous vêtement.
Les sensations étaient complètement différentes. Désagréables, presque.
Encore quelques jours et la fin de mes problèmes de fille me permettra de recouvrir ma liberté de mouvement. Entière.


J'aime bien cliquer sur les articles présents sur la page d'accueil de Cow'. Souvent, sans faire attention, je tombe sur les mêmes blogs. J'aime bien les lire et les retrouver par hasard.
Et là, j'ai lu plein d'articles qui m'ont interpellé.
Et puis, sans y faire trop attention, j'ai capté le mot "vague". Se faire renverser par une vague.

Et j'ai réalisé que j'avais écrit pendant mes trois semaines loin de tout. 

Mais pour en revenir au mot "vague", je me suis brutalement souvenue de cette journée incroyable.
L'une des plus belles surement.
La notion de beauté varie pour chaque alors la mienne sera forcément différente.
Mais quand même.

Pour je ne sais quelle raison, on avait réussi à secouer les sédentaires quinquagénaires pour rallier la plage en fin d'après midi.
On a du arriver vers 16 heures, je crois.
J'étais avec mon père, on marchait en tête, sans trop parler. J'avais vu les rouleaux depuis la plage.

Ah si, voilà! On avait quitté la maison parce que le vent était trop fort et qu'on ne voulait pas rester enfermé. Alors descendre à la plage nous permettait d'avoir moins de vent et donc de rester en plein air.

Bref, on est arrivé sur la plage. Blindée.
On n'avait jamais vu la plage aussi remplie. Les gens allaient jusqu'à s'entasser contre les piquets en bois délimitant une sorte de haie de séparation d'avec le parking. On est arrivé et on s'est dit qu'à cinq, on trouverait jamais d'espace assez grand. Mais finalement, on a trouvé. On s'est installé.
Et mon frère et moi avons filé tête baissée dans la mer.

On s'est pris une claque monumentale. Le froid, les rouleaux, les gens. On s'est fait balayé à la première vague.
Et c'est là, je crois, à l'instant même où je roulais cul par dessus tête dans les rouleaux que j'ai été pleinement heureuse.
Mangée par l'adrénaline. Ballotée dans tous les sens.

Disons que la mer, plate et calme, c'est bien le matin à huit heures quand il n'y a que les bambins et les papis. Que le soleil se lève à peine.
Disons que la mer, déchainée et bien violente, c'est bien au moins une fois dans le séjour.

çà devait faire des années que je ne mettais pas retrouver à plonger dans les vagues.

Quand j'étais gamine, on louait tous ensemble une maison au bord de la mer. Le genre de baraques magnifiques et paradisiaques.
Une bloc de cinq maisons mitoyennes. Où, dans chaque, on pouvait entrer à quinze facile. Y'avait la voisine et les voisins. Le cours de tennis, le trapèze et les buissons de rhododendrons.

Et dans ces années là, je partais en expédition avec mon cousin. On était les plus téméraires, les plus diaboliques, les plus débrouillards. Les plus pénibles à surveiller pour les parents aussi. Mais mon père était bon nageur et en ce temps là, il était aussi notre ange gardien. Lol. Mais en fait, non, sans rire.

Et je me souviens que les vagues, on plongeait à l'intérieur. Elles étaient tellement grosses qu'elles nous dépassaient et qu'on se retrouvait à les casser pour sortir de l'autre côté, le souriant Dents du Bonheur triomphant, cinq secondes avant de se faire engloutir par la suivante. Ah çà, on avait fière allure en sortant de l'eau, crachant, toussant, riant à ne plus pouvoir finir.

Ce moment là, il est unique.

Et dix ans plus tard, çà a pas changé.

J'ai beau faire un mètre quatre vingt quatre, les vagues me dépassaient. Et les courants étaient épuisants à combattre.

Je me souviens qu'on faisait les étoiles de mer, jusqu'à se retrouver la tête presque en bas et les pieds presque que tout en haut. Qu'on les a pris de face, de côté, de dos. Que je perdais mon maillot. Haut comme bas, tout fichait le camp à chaque passage en machine.

Et c'était quand je me laissais noyée que je me sentais le mieux. Parce que j'étais bousculée. Qu'enfin, je ne maitrisais plus rien. Dans ces rares moments où je lachais prise et me laisser balloter. Nord sud, terre mer. Y'avait plus rien sinon mes paupières fermées et tout mon corps.

Ouais, dans ces moments là, je sentais tout mon corps.

Y'en a une qui m'a longuement mise KO par contre. Tellement que mon père s'est inquiété.

Mais on avait l'air stupide, à crier gesticuler, rire. On a même fait des équipes. J'ai récupéré quelques bonhommes un peu égarés et on se retrouvait toujours à sortir la tête de l'eau avec les mêmes gens. Chacun sa parcelle et quelques fous rires en commun.

Ouais, on était con. Tout le monde était con dans ce moment là. Et encore plus, les gens qui restaient prostrés sur leur serviette, les lunettes hors de prix sur le nez, la critique sur le bout de la langue et le visage méprisant.

C'est bête, une plage avec des gens dessus.

Et ce soir là, on est resté très tard sur la plage. A faire des roues, des jeux de carte, quelques échanges de balles. On voulait pas remonter. Une plage bien, c'est une plage qui se vide le soir.

J'ai envié ce couple qui est venu dîner d'un sandwich et d'une bouteille de vin, assis sans manière dans le sable, face à la mer.

Je me suis dit que je le ferai un jour. Avec un Lui, peut être.

Et que rien ne changerait. Que jamais je me laisserai faire par la masse qui veut que " les vagues, c'est dangereux. çà casse le brushing et c'est vraiment trop violent ". Gna gna gna.

Si un jour de grosse mer, je reste sur ma serviette, la bouche pincée et le jugement affuté, claquez moi.

Et aujourd'hui, il fait un temps estival. Sans rire. Alors tout çà mélangé, çà fait que.. piouf, l'été revient un peu.

Et ma matinée Piscine aussi.

Forcément que le moral remonte en flèche. Et que je réalise qu'il va bientôt falloir que j'écrive cette matinée. Ce que je n'ai toujours pas fait.

Et je publierai les textes que j'ai écrit là bas aussi.
Et la Fin, c'est Maintenant.
Finalement.

La discussion continue ailleurs...

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